Qui êtes-vous Mme Irène Joliot-Curie ?
Irène Joliot-Curie, femme de science
Née en 1897, Irène Joliot-Curie est la fille de Pierre et Marie Curie, deux scientifiques mondialement réputés, distingués en 1903 par le prix Nobel de Physique, partagé avec Henri Becquerel, pour leurs recherches sur les radiations. Après la mort de son époux, Marie Curie est à nouveau récompensée du prix Nobel de chimie en 1911 pour ses travaux sur le polonium et le radium.
Devenue infirmière durant la Première Guerre mondiale, Irène Joliot-Curie accompagne sa mère sur le front afin de radiographier les blessés de guerre. Elle contribue à la formation des médecins militaires sur les impacts des projectiles (balles et éclats d'obus) qui font tant de dégâts parmi les soldats.
Elle reprend ses études après la guerre et devient assistante de sa mère qui dirige le laboratoire Curie à l'Institut du radium. Elle y prépare un doctorat en physique qu'elle obtient en 1925. C'est dans ce cadre, qu'elle rencontre Frédéric Joliot, jeune ingénieur récemment recruté, qu'elle épouse en 1926.
A partir de 1929, le couple Joliot-Curie entreprend des recherches qui aboutissent à la découverte de la radioactivité artificielle. Leurs travaux, considérés comme l'une des étapes importantes menant à la fission nucléaire, sont récompensés en 1935 par le prix Nobel de Chimie.
A la libération, Irène Joliot-Curie est nommée commissaire au tout nouveau Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Dans le même temps, elle devient professeur d'université (chaire de physique générale à la faculté des sciences de Paris) et prend la direction du laboratoire Curie à l'institut du radium, jadis occupée par sa mère.
Les laboratoires parisiens ne répondant plus aux exigences de la recherche en physique nucléaire, Irène Joliot-Curie défend avec son mari, la nécessité de concentrer et d'implanter de nouveaux équipements. C'est elle qui impose le choix d'Orsay pour y implanter l'institut de physique nucléaire. C'est ainsi que sont posées les bases du pôle scientifique de Paris-Sarclay, regroupant aujourd'hui Université, grandes écoles et autres centres de Recherche et Développement de grandes entreprises. Irène Joliot-Curie n'assista pas au développement de ce haut lieu de la science française, elle meurt le 17 mars 1956, atteinte d'une leucémie, une forme de cancer liée à la forte exposition aux produits radioactifs durant de ses recherches. C'est ce même mal qui avait également emporté sa mère en 1934.
Irène Joliot-Curie, femme d'engagement
Irène Joliot-Curie fait partie de ces intellectuels français qui s'engagent dans les années 30 contre la montée du fascisme. Militante au sein de mouvements politiques de gauche, elle est l'une des trois premières femmes de notre Histoire à occuper des responsabilités ministérielles. En 1936, elle est nommée sous-secrétaire d'État à l'Éducation Nationale chargée de la recherche scientifique dans le gouvernement du Front populaire de Léon Blum. Elle a accepté ce poste, pour une durée limitée prédéfinie, uniquement pour soutenir les deux causes de sa vie à savoir le droit des femmes (qui n'ont pas encore le droit de vote) et la recherche scientifique : "Je serais particulièrement heureuse si la distinction qui m'est accordée pouvait servir en France, la cause du travail féminin."
Après la guerre, elle utilise toute sa notoriété de scientifique pour dénoncer les usages militaires de l'énergie atomique.
Militante féministe, elle participe à l'Union des femmes françaises. Refusée par l'Académie des sciences en 1951 (où son mari avait été admis en 1943), elle s'y représente systématiquement dès qu'un poste y est vacant, afin de dénoncer l'exclusion des femmes.
Scientifique renommée, femme engagée, le patronyme de Madame Irène Joliot-Curie est aujourd'hui associé à 254 établissements scolaires français (écoles, collèges ou lycées) dont notre collège. Ces deux aspects de sa personnalité sont également honorés lors de la remise du prix Irène Joliot-Curie, créé en 2001 par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche pour distinguer des femmes scientifiques dans trois catégories : jeune scientifique, scientifique confirmée et femme en entreprise.
Irène Joliot-Curie, en images (Vidéo de l'INA, 1965)